Groupe F.T.P.F "Chanzy"
La Résistance dans la région Centre.




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Réquisitoire. Plaidoiries. Dans l'attente
du verdict.
Verdict. Mais, après....

Sources documentaires:
"la République du Centre"

Orléans
L’affaire des fusillés de Chartres et d’Orléans
devant la Cour de Justice
du 3 septembre au 12 septembre 1945

Le châtiment suprême pour:
Méresse, Viviani, Denuzières, Le Baube, Verbeuken et Marigault.

Les travaux forcés pour Devynck

Les cinq accusés en fuite sont condamnés à la peine capitale par contumace.

Au premier rang: Méresse, Viviani, Devynck, Denuzièeres.
Au dessus: Verney, Le Baupe, femme Pipet, Marigault et Verbrucken.

Après quatorze audiences, dont certaines furent mouvementées et qui furent toutes profondément émouvantes, le procès le plus important et le plus tragique qui ait été jugé à Orléans, est terminé.

Quatorze audiences sur lesquelles ont plané l'ombre de 48 Français morts pour sauver leur pays, et le souvenir de l'abominable barbarie des tortionnaires de la Gestapo et de leurs émules français. Personne n'a pu écouter sans frémir et sans réclamer que justice soit faite les émouvants récits des rescapés. La simple et ferme déposition de M. Hélix, qui eut la machoire fracassée et le corps couvert de coups et à qui l'on fit boire un liquide corrosif qui a compromis sa santé pour toujours; le rappel des brutalités exercées sur Jenot, sur Chevrin, sur Fermine, sur tous ceux qui n'ont pas parlé, dépassent l'imagination et révoltent la conscience humaine. "

" La Justice passera ", avait dit M. le Commissaire du Gouvernement Larrieu, dans son réquisitoire.

La Justice est passée. Après six heures et demie de délibération, les jurés ont rapporté le verdict que leur conscience de citoyens français et de résistants leur a dicté. Onze condamnations à mort ont été prononcées. "


Les dernières plaidoiries.

Deux plaidoiries furent prononcées dans la matinée.

Me Denis demanda l'indulgence pour Bailloux. Ce dernier n'est point mêlé à l'affaire des fusillés. On lui reproche d'avoir dévoilé au commissaire de Blois, qui l'interrogeait, qu'un habitant de Monts près Chambord distribuait des tracts.

Me de Moro-Giafferi se leva ensuite. Le grand avocat, maintenant septuagénaire, n'a rien perdu de sa brillante éloquence et de sa fougue. " Vieux pèlerin de la justice ", comme il se qualifie lui-même, il vient apporter une chaleureuse défense de son compatriote Viviani.

Me de Moro-Giafferi lit une ordonnance gouvernementale de juin 1944 précisant que ne peuvent être rendus responsables les fonctionnaires qui ont strictement exécuté les ordres reçus, sans prendre d'initiatives personnelles et faire d'excès de zèle. Et il s'attache à démontrer que c'est le cas de son client.

Il apporte, lui aussi, des attestations de services rendus par Viviani à la résistance.

" Votre justice, conclut-il, sera insensible aux appels extérieurs si généreux soient-ils. vous apporterez un verdict conforme à l'équité, comme vous le dictera votre conscience. "

Les débats devaient reprendre à quatorze heures pour entendre Me Renaud, du barreau de paris, défenseur de Marigault.

Cet avocat, que l'on avait aperçu fort peu de temps dans les premiers jours, ne s'est pas présenté.

Cette regrétable désinvolture a retardé encore des débats pourtant fort longs.

Me Lepingle fut chargé de prendre la défense de l'accusé. On suspendit l'audience pour lui permettre de prendre connaissance du dossier.

Avec une conscience que l'on peut louer, Me Lepingle accepta cette charge et présenta la défense de Marigault qui affirme n'avoir pas su qu'il avait affaire à un espion lorsqu'il rencontra le faux parachutiste anglais.

Il est 16 heures quand le président Saulnier prononce la cloture.

Il donne ensuite lecture des 23 questions posées au jury qui se retire à 16 heures 10.

Le Verdict.

Il est 22 heures 40 quand l'audience est reprise. Dans la salle bruyante pendant ce long entr'acte, le silence s'est fait.

Les accusés reprennent leurs places. Tous sont très pâles et ont les traits tirés. Et le président donne lecture de l'arrêt:

Le Baube, Denuzières, Viviani, Méresse, Verbeucken et Marigault sont condamnés à mort.
Devynck aux travaux forcés à perpétuité.
Les femmes Pipet et Bartaire à 10 ans de travaux forcés et à l'indignité nationale.
Duché à 5 ans de travaux forcés et à l'indignité nationale.
Breton et Baillou à 2 ans de prison et à 10 ans d'indignité nationale.
Verney à 1 an de prison et 5 ans d'indignité nationale.
Gibereau et Berceron sont acquittés.

Les cinq contumax, Laillé, Bourgine, Cortez, Gaudry et la femme Rudeault sont condamnés à mort.


Quand le président ajoute pour Le Baupe, chevalier de la Légion d'Honneur, et Duché, médaillé militaire:
" Vous avez failli à l'honneur, vous cessez d'être décorés ".

Le Baube s'écrie:
" Je n'ai jamais manqué à l'honneur. "

L'audience est levée à 23 h. 10.

La foule s'est rassemblée devant le Palais où, depuis le début de l'après-midi, stationne un important service d'ordre. Mais elle fut déçue, les condamnés sortirent par une porte dérobée.


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