Groupe F.T.P.F "Chanzy"
La Résistance dans la région Centre.




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Réquisitoire. Plaidoiries. Dans l'attente
du verdict.
Verdict.

Sources documentaires:
"la République du Centre"

Orléans
L’affaire des fusillés de Chartres et d’Orléans
devant la Cour de Justice
du 3 septembre au 12 septembre 1945

Le défilé des témoins continue.

" Si tout le monde est d'accord pour me désigner
je ne puis rien dire "
avoue Denuzières.

Le public est toujours nombreux dans la salle où se déroule le plus grand procès qui sera sans doute soumis à la Cour de Justice d'Orléans, lorsque s'ouvre cette quatrième journée de débat.

Elle sera entièrement occupée par des auditions de témoins dont certains ne déposeront pas sans passion.

Mais il ne faut pas oublier que le souvenir de 48 Français tombés sous les balles allemandes, de centaines d'autres torturés ou tués lentement dans les bagnes nazis pour avoir commis le seul crime de vouloir délivrer leur patrie, dominera toujours ces débats.

D'autant plus que l'importance des fonctions occupées par certains accusés pèse lourdement sur leur responsabilité.

Il restait encore cinq témoins à entendre sur l'affaire d'Orléans.

M. Lucien Breton, cordonnier, à Caen, fut arrêté à un rendez-vous que lui avait donné Méresse, rue de la Gare, à Orléans. L'inspecteur Métrier a participé à l'arrestation de Chevrin et a vu les brutalités de Duché.

L'inspecteur Nourry a enquêté sur l'affaire de Bonny. A propos de la perquisition et de la souricière chez M. Girard, à Dordives, le témoin déclare que M. Girard lui avait dit: " Faites comme chez vous. "

Le président:
" Je pense que vous n'auriez pas fait çà chez vous. "

Le témoin suivant décline son identité: Cornet (Florimond), 24 ans, marcheur. Le sympathique champion de marche était chef d'un groupe de sabotage, à Montargis. Il fut dénoncé par Méresse. Viviani voulut le sauver et il adressa une lettre signée: Un policier, lui disant:
" Tenez-vous sur vos gardes, un camarade vous a dénoncé. "

Florimond Cornet déclare qu'il a bien reçu cette lettre et il en fit son profit. Aucun de ses amis ne fut arrêté.

Un incident éclate à l'audition du commissaire Leboutet, chef des renseignements généraux de Chartres. Lorsqu'il était en fonctions à Blois, en 1941, il était intervenu dans l'affaire des tracts de Monts, près Chambord.

" Le dénonciateur Gaudry, en fuite, était votre indicateur ", lui dit Devynck.

M. Leboutet s'en défend, mais l'ex-divisionnaire précise que le témoin obtint pour Gaudry une prime de 1.000 francs.

" Singulières moeurs policières ", constate le président.

De nombreux témoins ont vu Denuzières vêtu en soldat allemand.

Le long défilé des témoins des différentes affaires d'Eure-et-Loir nous apprendra peu de choses que nous ne sachions déjà. Cependant, un grand nombre de personnes arrêtées dans les différentes opérations de la Gestapo, de la S.P.A.C. et de la 5ème Brigade, et qui échappèrent à la mort, viennent affirmer que Denuzières s'habillait en Allemand. Il avait d'ailleurs un singulier accoutrement. Il était en pantalon de golf avec des chaussures basses jaunes et portait un manteau et une casquette d'officier allemand. MM. Jean Guillaumin, Louis Symphorien, Davignon et Chauveau en apportent le témoignage formel. Denuzières nie. Il prétend que les témoins l'ont confendu avec un officier de la Gestapo, nommé Rohm. Ce qui le fait traiter de menteur par ses accusateurs.

" Je n'ai jamais eu de chaussures jaunes, dit l'accusé, je n'ai que des chaussures fauves ou havanes. "

Cette subtile distinction ne soulève que des rires.

Mais des témoins plus précis lui sont opposés.

Un interprète de la Feldgendarmerie de Dreux, a dit à l'inspecteur Aliès de Chartres, qu'il avait souvent vu Denuzières en allemand. Le chef de brigade de gendarmerie Jeandric, qui connaissait parfaitement l'ex-policier l'a vu en cette tenue.

Denuzières lui dit:
" L'habit me va bien, n'est ce pas. Je l'ai mis pour ne pas être reconnu. "

Un ancien collègue de l'accusé l'inspecteur-chauffeur Gouverneur, l'a vu également habillé en allemand.

" si tout le monde est d'accord pour me désigner, je ne puis rien dire ", finit par déclarer piteusement Denuzières.

Denuzières frappait avec la Gestapo. D'autres témoins ont été torturés. M. Defollin a été battu odieusement pendant 3 heures par la Gestapo aidée de Denuzières. M. Roger Rasori a été trois fois martyrisé dans la même journée.

Un témoignage important est celui de M. Fermine, l'un des chefs de groupe, aujourd'hui lieutenant au 95ème R.I.

Arrêté par la Gestapo, il avait réussi en dépit des coups à cacher beaucoup de choses et devait être libéré, mais Denuzières vint à la rescousse. Fermine dut préciser ses aveux et fut emprisonné. Verney lui aurait donné un coup de poing.

Le lieutenant Fermine déclare ensuite qu'il a été soupçonné d'avoir vendu ses amis et il s'élève avec indignation contre cette accusation. Gauthier et Peltiez furent les seuls dénonciateurs.

" C'est exact, dit le Commissaire du Gouvernement. La procédure est formelle, vous n'êtes pas en cause. S'il y avait eu le moindre doute, je vous aurais poursuivi. "

Le témoin reconnaît que lors de son arrestation, il avait un plan détaillé du camp d'aviation de Chateaudun. Si les Allemands l'avaient trouvé, il aurait été fusillé. Mais Denuzières a détruit ce plan.

On peut signaler ce geste, c'est un des rares qui soit en sa faveur.

La capitaine dumont grand mutilé, responsable F.T.P., vient à la barre affirmer l'innocence du lieutenant Fermine.

M. Raymond Hélix, dessinateur à Villeneuve-sur-Eure et chef F.T.P., a donné des fausses cartes à Marigault qui ne voulait pas retourner en Allemagne. Et Marigault l'a dénoncé.

Le témoin a atrocement souffert et il est terrassé par l'émotion au souvenir des tortures qu'il a endurées. On doit lui apporter une chaise.
br> " Je ne veux pas rappeler ces choses atroces devant les familles de mes camarades disparus ", dit il. Son témoignage plein de dignité et d'émotion est écouté avec beaucoup d'attention.

Mme Dargent d'Illiers, entendue ensuite, accuse la femme Pipet d'avoir dénoncé plusieurs personnes et une vive altercation éclate entre les deux femmes.

Mme Petit dit que son mari, huissier en Eure-et-Loir, a été arrêté sur l'ordre de Le Baube. Au lieu d'être interné dans un camp il fut pris par les Allemands.

Le commissaire Boisselier signale ensuite que Denuzières lui a rapporté un propos de Le Baube la concernant.

" Je n'aime pas les gens timides comme Boisselier dans la répression du terrorisme ", aurait dit l'ex-préfet.

Le Baube:
" Je n'ai aps dit cela. J'ai dit: le commissaire Boisselier est jeune, il a l'air timide. "

Mme Paelloie, chargée de mission au Commissariat de la République, soeur de Jean Saliou, fusilier au Mont Valérien, rapporte les détails de l'arrestation de son frère et les efforts faits par le préfet Bussières pour le libérer. Elle vit Denuzières qui déclara qu'il aidait les Allemands mais ne pouvait rien faire pour libérer M. Salliou.

Le témoin a appris que Denuzières, qui s'habillait en Allemand avait brutalisé son frère.

Les premiers témoins à décharge. Verney aurait été résistant ?

Avant de lever l'audience la Cour entend plusieurs témoins à décharge.

Ce sont M. Brand, inspecteur de police à Paris, le président du Comité de Libération et le président de " Ceux de la Libération " de Gagny où Verney était en fonction jusqu'en 1942. Ils affirment que l'ex-policier protégeait la Résistance et les aida à constituer et à entretenir des dépôts d'armes. Il prèvenait les résistants avant les opérations de polce et fournissait de nombreuses fausses cartes avec les cachets de son commissariat.


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